
Critical Zones – Observatories for Earthly Politics
Les réactions de la planète Terre aux agissements humains sont longtemps restées inaperçues, mais au plus tard avec le mouvement de protestation « Fridays for Future », la crise climatique est rentrée dans toutes les consciences. L’exposition « CRITICAL ZONES » invite à réfléchir, à aborder de multiple manière la situation CRITIQUE de la Terre et à explorer de nouveaux modes de coexistence entre toutes les formes de vie.
Tout le monde est désormais conscient de la menace existentielle qui pèse sur nos conditions (communes) de vue sur Terre. Rares pourtant sont celles et ceux qui conçoivent comment face à cette nouvelle situation CRITIQUE. Les citoyen.ne.s de nombreux pays développés semblent désorienté.e.s, comme si on leur demandait de débarquer sur un nouveau terroir – une nouvelle Terre – dont ils.elles ont longtemps ignoré les réactions à leurs manières d’agir.
La Terre comme réseau de ZONES CRITIQUES
Notre hypothèse est la suivante : le meilleur moyen de cartographier cette nouvelle Terre est de la considérer comme un réseau de ZONES CRITIQUES. Créées par diverses formes de vie au fil du temps, ces ZONES CRITIQUES forment une surface qui n’est mince que de quelques kilomètres. Ces formes de vie avaient complètement changé la géologie originelle de la Terre avant que l’humanité ne la transforme à nouveau au cours des siècles derniers.
Au fil des ans, les scientifiques ont établi de nombreux OBSERVATOIRES pour étudier ces ZONES CRITIQUES. Ils.elles nous ont ainsi montré la composition complexe et l’extrême fragilité de cette fine écorce terrestre, où doivent cohabiter toutes les formes de vie – y compris humaines. Ils.elles ont repensé les sciences de la terre d’une manière qu’Alexander von Humboldt aurait certainement approuvée.
Un nouveau tournant vers le TERRESTRE
De plus en plus, les scientifiques, artistes, activistes, femmes et hommes politiques, citoyennes et citoyens admettent que la société ne doit pas uniquement s’orienter selon les besoins de l’humanité, mais qu’elle doit redevenir TERRESTRE si elle ne veut pas aller à sa perte. Le grand projet de la « modernité » bat son plein depuis longtemps, sans tenir compte des limites de la planète. Or voilà soudain que l’on se tourne davantage vers la Terre et que l’on s’intéresse plus à la façon dont les êtres vivants pourraient l’habiter. La POLITIQUE n’est plus seulement l’affaire de personnes qui prennent des décisions uniquement pour elles-mêmes, la POLITIQUE est devenue une démarche autrement plus complexe. De nouvelles formes de citoyenneté, d’attention, de care apporté aux formes de vie sont nécessaires pour établir une base commune.
L’exposition comme OBSERVATOIRE DES ZONES CRITIQUES
Plusieurs mois durant, le ZKM organise une exposition qui, à échelle réduite, simule le modèle d’une nouvelle spatialité et la diversité des liens entre les formes de vie qui y vivent. Cette exposition sert d’OBSERVATOIRE DES ZONES CRITIQUES, dans lequel les visiteurs.ses peuvent se familiariser avec la nouvelle situation. Cette conjonction particulière entre expérience mentale et exposition a été imaginée par Bruno Latour et Peter Weibel dans le cadre d’un travail commun au ZKM. Leurs vingt années d’intense collaboration avaient donné précédemment trois expositions également axées sur la réflexion : « Iconoclash » en 2002, « Making Things Public » en 2005 et « Reset Modernity ! » en 2016.